Vers le XVè siècle, les Merina quittent les régions côtières du Sud-Est pour s’installer sur les Hautes Terres centrales. Vers 1530, Andriamanelo fonde la dynastie des Andriana. La légende veut qu’il ait appris à ses sujets à forger le fer pour fabriquer sagaies, haches et coutelas.

Ralambo (1575-1610) nomme le royaume « Imerina » (« d’où la vue porte loin »), le structure et l’étend au détriment de ses voisins Vazimba. Il instaure des impôts et organise la noblesse en différents échelons. Lui succède son deuxième fils, Andrianjaka, qui transporte sa capitale à Analamanga, la future Antananarivo.

Andriamasinavalona (1675-1710) partage le royaume entre ses quatre fils. L’Imerina subit alors près d’un siècle de division et de luttes intestines.
En 1787, l’avènement d’Andrianampoinimerina à Ambohimanga marque un tournant dans l’histoire de l’île.

Les rois de l’IMERINA vont unifier le pays et installer la ville d’ANTANANARIVO comme étant la capitale de leur Royaume. La déclaration célèbre d’ANDRIANAMPOINIMERINA « Ny ranomasina no valamparihiko » (littéralement :la mer est la limite de ma rizière, ce qui signifie : « la mer est ma frontière ») est à l’image de cette dynastie de conquérants.

ANDRIANAMPOINIMERINA (env. 1787-1810)

A la fin du XVIIIème siècle, l’arrivée de RAMBOASALAMA (plus tard appelé ANDRIANAMPOINIMERINA, ce qui signifie : « Prince désiré par l’IMERINA »), va réunifier le royaume. Intronisé roi d’AMBOHIMANGA en 1787, il devient, après trois campagnes successives, maître d’ANTANANANIARIVO, en 1794 et lui donne son nom actuel d’ANTANANARIVO.

Il institue les « 12 collines sacrées de l’IMERINA » en plaçant chacune d’elles sous l’autorité de l’une de ses épouses. Suite à ses conquêtes dans l’ensemble du pays, il va relancer le développement urbain de la ville d’ANTANANARIVO en faisant sa capitale.

Il entreprend pour la capitale une série de travaux qui vont conférer à la ville un nouvel élan. Grand administrateur, il crée des lois organisant le cadre de la vie quotidienne de ses sujets (justice, réglementation des marchés et du commerce, construction des digues, …). Il meurt en 1810 laissant la place à son fils : Radama Ier.

RADAMA Ier (1810-1828)

Un an après la mort de son père Andrianampoinimerina, RADAMA Ier se fait introniser à ANDOHALO. Sous son règne, il installe définitivement la capitale de MADAGASCAR à ANTANANARIVO, faisant d’AMBOHIMANGA une simple cité sacrée. Peu de documents existent de cette période, mais un événement va changer la configuration de la société MERINA et la physionomie de la ville :

Le souverain va en effet lever la loi instaurée par son père interdisant l’accès à l’IMERINA aux étrangers.

A partir de ce moment, de nombreux missionnaires européens vont alors venir s’installer dans la capitale apportant avec eux leur technique, leur culture et leur religion. En cette période de domination MERINA, ANTANANARIVO connaît un important développement : elle déborde au-delà de l’ancienne enceinte, notamment au nord-ouest, vers ANTANINARENINA, qui devient un important lieu de commerce grâce au marché d’ANJOMA. D’autre part, le quartier de MAHAMASINA devient le lieu des tanneurs de peaux et AMPARIBE celui des forgerons. Mais pour les constructions, le bois manque, et seules les maisons des nantis bénéficient de ce matériau, les autres devant se contenter d’argile rougeâtre.

Souhaitant marquer sa puissance, il demande au charpentier Louis GROS de lui construire un palais en bois à SOANIERANA, situé sur la rive droite du fleuve, faisant de cet édifice en bois (constitué d’un étage et d’une véranda ouverte), le plus important du pays. Premier édifice à varangue (véranda), il influencera largement les constructions futures dans les Hauts Plateaux. Souhaitant faciliter les communications avec la rive gauche de l’IKOPA, il construit à TANJOMBATO et à AMPITATAFIKA, deux ponts en bois. Il ouvre ainsi la ville sur le sud et le sud-ouest.

Souhaitant développer l’instruction dans son pays, le Roi favorise le développement d’actions allant en ce sens. Ainsi, des missionnaires anglais de la L.M.S., arrivés en 1820, jettent les bases d’une grammaire et d’une orthographe de la langue malgache, favorisant par la suite, le développement des écoles. A sa mort, sa femme prendra sa place à la tête du pays.

RANAVALONA Ière (1828-1861)

             Un an après le décès de RADAMA Ier, RANAVALONA Ière, est intronisée reine à ANDOHALO le 12 Août 1829. Elle maintient durant la première partie de son règne la présence des européens. Ainsi le missionnaire-architecte écossais, James CAMERON popularisera l’utilisation des briques séchées pour la construction des maisons.

           Il créa également le prototype de la maison malgache répandue par la suite dans tout l’IMERINA avec ses éléments caractéristiques : colonnes de pierre ou de brique soutenant une véranda appelée varangue. L’architecte est également à l’origine du plus ancien plan de la ville, qui fut publié par ELLIS en 1838 dans l’ouvrage « History of Madagascar ».

            Parallèlement, Jean LABORDE, autre figure de l’architecture locale développe une cité industrielle à MANTASOA (localité située à environ 60 kilomètres à l’est de la ville) et participe à la construction de nombreux édifices dans la capitale dont, au ROVA, le célèbre Palais MANJAKAMIADANA. Sous son règne, la ville annexe de nombreux villages tels qu’ISORAKA, FARAVOHITRA, ANTANIMENA ou encore ANDRAVOHANGY. Des travaux d’assèchement des marais de MAHAMASINA, sur les bords du lac ANOSY, permettront de créer un vaste champ de manœuvre.

            En 1835, inquiète d’une trop forte influence européenne, la reine interdit aux malgaches de pratiquer le christianisme puis chasse en 1836 les missionnaires européens hors de son pays. De vastes persécutions seront alors menées contre les chrétiens pendant près de vingt ans, faisant de la reine un personnage sanguinaire. En 1857, un complot contre la Reine, organisé par Jean LABORDE, le commerçant LAMBERT, et l’écrivain-voyageuse Ida PFEIFFER, est alors déjoué, ce qui amène les commanditaires à être expulsés du pays.

La Reine meurt isolée en 1861.

RADAMA II (1861-1863)

Après la mort de la reine en 1861, son fils, le Prince héritier RAKOTO, est intronisé à. sous le nom RADAMA II. Son avènement permet aux missionnaires de revenir au pays grâce à un édit royal autorisant la liberté religieuse (Jean LABORDE et James CAMERON reviendront également de leur exil). Roi libéral, il supprime corvées et privilèges et autorise aux étrangers d’accéder à AMBOHIMANGA, site jusqu’alors sacré. Cette période de paix permet aux missionnaires de lancer de vastes constructions afin de faire oublier les années noires de la période précédente.

Les persécutions de la reine avaient soulevé une vive émotion en ANGLETERRE, ce qui permis à la L.M.S. de collecter des fonds pour la construction d’édifices religieux, notamment les quatre « MEMORIAL CHURCHES » ou temples commémoratifs, idée lancée par le chef de la Mission, arrivé en 1862, le pasteur ELLIS. La première route circulaire, faisant le tour de la colline d’ANALAMANGA (colline du ROVA), est alors inaugurée sous son règne.

Cependant, les travaux urbains menés par le nouveau Roi seront peu nombreux, puisque son règne sera de très courte durée : il sera assassiné au ROVA, dans un petit pavillon, le 11 mai 1863.

RASOHERINA (1863-1868)

Intronisée Reine à ANDOHALO, elle poursuit l’action menée par son mari en maintenant l’ouverture du pays sur l’EUROPE mais rétablit l’interdiction aux étrangers d’accéder à AMBOHIMANGA.Un an après le début de son règne, trois missionnaires anglais, POOL, SIBREE et PARRET, rejoignent CAMERON et LABORDE en tant que maîtres d’œuvres. Leur influence sera très importante pendant près de vingt ans.

Le style « anglais » sera ainsi très largement employé, notamment pour les maisons bourgeoises.En 1864, RAINILAIARIVONY, est nommé par la Reine, Premier Ministre.  Son influence sur la politique du pays aura une certaine importance, puisqu’il sera de 1864 à 1895, l’époux successif des trois dernières reines de MADAGASCAR.

Dès 1866, les missions catholique, luthérienne et norvégienne s’installent à leur tour, non sans frictions entre ces différentes congrégations. Il en résultera une prolifération d’édifices cultuels, en ville et dans sa périphérie. L’architecture de ces édifices rappelle alors les origines culturelles des différentes congrégations.

Peu de grandes dates marqueront son règne si ce n’est le 22 janvier 1867 l’inauguration, après trois années de travaux, du Temple d’AMBATONAKANGA (architecte : SIBREE), premier grand édifice en pierre de la ville. Il faut également signaler l’inauguration au ROVA, la même année du Palais de MANAMPISOA (architectes : POOL et CAMERON).

RANAVALONA II (1868-1883)

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Le 3 septembre 1868, a lieu le couronnement de la Reine RANAVALONA II, cousine de RASOHERINA. Aussitôt au pouvoir, elle déléguera l’essentiel de son pouvoir à son Premier Ministre qui se consacrera alors à la modernisation de l’Etat. L’année de son couronnement, un édit royal lève l’antique loi interdisant les constructions en pierre dans l’enceinte de la vieille ville.

Désormais, les nouvelles constructions sont ainsi recouvertes de matériaux non combustibles pour éviter les incendies, l’usage de la brique et des tuiles se répand pour les maisons et la plupart des grands édifices civils et religieux sont construits en pierre. Les grands du royaume se font construire de superbes édifices avec colonnades, parquets précieux, voire même des cheminées décorées (plus décoratives qu’utilitaires). De son côté, la Reine demande à CAMERON, en 1869, de recouvrir le Palais de MANJAKAMIADANA, d’une ossature en pierre.

De grands édifices religieux et civils ornent alors la ville, les services publics commencent à se développer, les cases en bois cèdent la place à des constructions en dur, mais les infrastructures urbaines restent inexistantes : ni voirie, ni égouts, ni eau courante. Les ruelles pavées restent rares et le premier tronçon pavé, reliant ANDOHALO au Palais, ne sera réalisé qu’en 1888 par l’ingénieur anglais BOUTS.

Quatre chemins importants traversaient alors la ville : ANDOHALO à ISOTRY ; ANDOHALO à FARAVOHITRA ; Palais de Justice à AMBANIDIA, par la Porte d’AMBAVAHADIMITAFO et enfin, AMBATONAKANGA à MAHAMASINA. Ces quatre axes n’étaient pavés que grossièrement, mais ils serviront plus tard d’épines dorsales pour le développement du réseau viaire de la ville.

D’un point de vue urbain, le règne de RANAVALONA II modifiera considérablement le paysage de la ville, faisant apparaître des constructions de plus en plus massives et résistantes.

Mais la Reine fera également beaucoup pour asseoir la religion chrétienne dans le pays. Ainsi, en 1869, la Reine et son Premier Ministre reçoivent le baptême protestant. Elle fait construire par l’architecte POOL, au sein du ROVA, un temple. Et parallèlement, un édit proclame l’interdiction du culte des idoles.

A sa mort, une autre femme prendra les rênes du pouvoir.

RANAVALONA III (1883-1897)

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RANAVALONA III, cousine de RANAVALONA II, est couronnée à ANDOHALO à l’âge de 22 ans. C’est sous son règne que la présence française devient incontournable, au détriment de l’influence anglaise jusqu’alors prépondérante.

A partir de 1885, trois architectes venus de FRANCE, JULLY, RIGAUD et BOUTS, construisent de nombreux bâtiments, dont l’imposante Résidence de FRANCE, et apportent ainsi dans la ville un style français. Tous les architectes sur place vont désormais s’inspirer de cette influence.  Ainsi, la Reine demande à JULLY de lui dessiner un nouveau Palais pour le ROVA : ce sera le Palais de MASOANDRO. Les fondations seront construites mais les événements politiques laisseront le bâtiment inachevé.

Dès le protectorat de la FRANCE sur MADAGASCAR, signé en 1890, les tensions politiques augmentant entre ces deux pays. Les français bombardent le ROVA en 1894. En 1895, la Reine doit faire face aux menaces de plus en plus insistantes de l’Armée française. Après la perte de la « bataille d’ANTANANARIVO », le 30 décembre 1895, les troupes françaises campent dans la ville. Le 6 août 1896, la colonie de MADAGASCAR est officiellement reconnue par l’Assemblée Nationale française et le 7 septembre, le Général GALLIENI arrive à ANTANANARIVO et le 26 septembre le Résident Général LAROCHE abolit officiellement l’esclavage sur l’île. GALLIENI, de son côté, destitue rapidement la Reine qui doit quitter le ROVA dans la nuit du 27 au 28 février 1897 pour La Réunion. Elle meurt en exil, à ALGER, en 1917.

Après l’occupation, la place d’ANDOHALO, longtemps lieux des fastes royaux, prend le nom de Jean LABORDE et devient un square arboré. C’est la fin d’une époque.

Le règne des Premiers Ministres

Madagascar nosy boraha

Le Premier Ministre Rainilaiarivony

En 1861, la mort de Ranavalona Ière porte son fils au pouvoir, Radama II engage une politique radicalement différente en rappelant commerçants Européens, missionnaires protestants et catholiques.

Mais des mesures maladroites (abolition des privilèges, de la corvée et des droits de douanes, importante source de revenu de l’Etat) et une brouille grave avec le Premier Ministre Raharo signent sa perte : il est assassiné le 12 mai 1863.

Sa veuve Rabodo, intronisée sous le nom de Rasoherina, laisse bientôt la réalité du pouvoir au Premier ministre Rainilaiarivony, qu’elle a épousé. Ce hova va conserver les rênes du pays pendant trente ans en épousant successivement Ranavalona II (1868-1883), Puis Ranavalona III (1883-1895). Il se consacre à la modernisation de l’État et de la société. Un droit civil et pénal est élaboré. Des ministères sont créés en 1868, une administration adaptée aux différentes provinces est constituée en 1881.