Madagascar: a Sainte Marie, la Saison des Baleines
La saison des baleines à bosse a commencé sur l’île de Sainte-Marie, située dans l’Est de Madagascar. Comme chaque année, entre juillet et septembre, des milliers de touristes choisissent cette destination, considérée comme l’un des meilleurs spots d’observation de ces mammifères marins.
Avec le Festival des Baleines, dont l’édition 2018 a été inaugurée ce jeudi 12 juillet, le retour des baleines à bosse est tous les ans, un événement pour la petite île paradisiaque de Sainte-Marie. Voir ces géants de la mer qui viennent se reproduire ou mettre bas dans les eaux chaudes de la côte Est de Madagascar, est une chose unique et inoubliable. Un incontournable lors d’un séjour à Madagascar. Elles restent dans les eaux chaudes de l’Océan indien, entre fin septembre et mi-octobre, avant de repartir vers l’Antarctique.
Mais pourquoi les baleines à bosse attirent autant les touristes? D’abord parce que ce sont des géants des mers au chant envoûtant. D’après les scientifiques, ce fameux « chant » que les mâles ne pratiquent que pendant la saison des amours, serait un moyen pour les messieurs de charmer les dames. Puis, la baleine à bosse propose des spectacles époustouflants avec ses sauts spectaculaires hors de l’eau. Encore un autre moyen de charmer le sexe opposé.
Et qui n’a pas été séduit par le spectacle des jets d’eau provoqué par les baleines à bosse. Toujours d’après les scientifiques, ces mammifères marins remontent à la surface toutes les 20 minutes pour respirer. C’est là qu’ils expulsent l’air, créant des nuages de vapeur donnant l’impression d’un jet d’eau qui peut s’élever sur trois mètres de haut.
A Sainte-Marie, en plus d’admirer le manège aquatique des baleines à bosse, vous aurez tout le loisir de vous adonner à la baignade ou à la randonnée en bord de mer, sur ses ilots ou dans ses forêts tropicales.
Un animal impressionnant
La baleine à bosse mesure entre 14 et 17 m de long (le plus grand spécimen identifié mesure 19 m) et pèse environ 40 tonnes : un beau bébé ! On la rencontre dans toutes les mers du monde
(même dans le sud patagon), et fait l’objet, comme à Sainte-Marie, d’une attention un peu plus » écologique » et touristique depuis quelques années : c’est le » whale-watching » (observation des baleines). On l’identifie à sa couleur noire sur le dessus, blanchâtre sur le dessous, mais l’une de ses caractéristiques principales reste les tubercules (petites protubérances, en fait des follicules pileux) sur sa tête. Les ondulations de la nageoire caudale, les cicatrices et les taches noires ou blanches sont propres à chaque individu.
La baleine à bosse fait surface régulièrement et expulse alors l’air de ses poumons, formant une sorte de » geyser » pouvant atteindre 3 m de haut ! C’est à ce moment qu’elle montre sa fameuse » bosse « , en fait son dos qu’elle fait rond avant de sonder (c’est-à-dire de plonger).
Les parades sexuelles (sauts, dressements verticaux, frappements de l’eau avec les nageoires, esquives) ont lieu pendant l’hiver (austral… Les mois de juin à septembre sont donc des moments propices pour les observer autour de Madagascar). A ce moment, les mâles entrent dans une sauvage compétition pour les doux yeux de leur belle. La joute peut durer plusieurs heures, de nouveaux prétendants peuvent remplacer les cavaliers éconduits par la dame : on a dénombré plus d’une vingtaine de mâles autour d’une seule femelle ! Il est à noter que ces manifestations artistiques ont aussi été observées en dehors de la période de reproduction, ce qui tendrait à signifier qu’elles ont aussi un rôle de communication.
Evoquons encore l’autre particularité fameuse des baleines à bosse : le chant. Il peut arriver qu’elles entament la chansonnette pendant plusieurs jours. La mélodie, constituée par des nuances de notes graves, est extrêmement complexe, et des séquences sonores cohérentes se répètent. Comme les baleines à bosse ne chantent qu’à la saison des amours, on suppose qu’il s’agit d’un moyen de séduction.
Le festival des Baleines, un nouvel élan pour protéger les cétacés
C’est justement à force de persévérance, et grâce à un remarquable travail de fond par l’organisme Cétamada pour la connaissance et la conservation des mammifères marins de l’océan Indien, que les consciences collectives se sont éveillées. Sous son impulsion, le premier Congrès mondial sur les baleines à bosse s’est tenu du 29 juin au 3 juillet 2015, juste avant le lancement officiel de l’annuel festival des Baleines. Evénement inédit à Sainte-Marie, c’est aussi une grande première à l’échelle mondiale : 71 scientifiques et chercheurs, représentants 16 pays, se sont joint aux étudiants et passionnés écovolontaires pour débattre sur la biologie, sur les programmes d’éducation ou encore sur les projets de recherche, avec en toile de fond le thème de » La baleine à bosse, levier de conservation et de développement « .
La protection de l’environnement est l’affaire de tous. Cétamada permet aujourd’hui grâce à son réseau d’affiliés de proposer aux quatre coins de Madagascar des sorties d’observation des cétacés dans le respect le plus total de l’animal. Nous vous invitons vivement à consulter le site Internet de l’association pour les trouver : ça ne coûte pas plus cher ; mieux, ça enrichit !
Depuis 2007, Cetamada a mené 3 programmes de recherche : Chants, BaoBaB et Générations.
Chants (2007-2011)
Les chants émis par les mâles jouent un rôle fondamental pendant la période de reproduction, participant aux interactions entre male/femelle et male/male. Nous nous sommes intéressés à la structure de ces chants, notamment en introduisant le concept de sous-unité sonore, venant compléter les premiers travaux de Payne et Mc Vay. Nous avons également travaillé sur l’étude du générateur vocal des baleines à bosse à partir des études anatomiques du système laryngé. Nous avons proposé un modèle acoustique théorique et avons montré les motivations des chanteurs dans la production de leurs unités sonores, en introduisant la théorie des 4L, pour Low, Loud, Long, Loquacious.
L’objectif était de caractériser les mouvements des baleines à bosse de Madagascar. La méthode retenue a été le recours à des balises Argos permettant de donner en temps réel les positions des différentes baleines implémentées. Ces balises satellite sont couramment utilisées pour suivre les déplacements des animaux. En 2009, CLS France indiquait qu’il traitait plus d’un million de messages par jour provenant des 7000 balises Argos que les scientifiques ont déployé sur différentes espèces animales, principalement terrestre. Pour le suivi des baleines à bosse, cette méthode a été mise au point par de grands laboratoires américains et australiens, notamment pour le déploiement de ces balises qui peut se faire à l’aide d’une perche ou d’un lance-amarres à air comprimé. Aujourd’hui, 6 équipes de niveau international utilisent cette technologie : Hatfiled Marine Science, Center Australian Centre for Applied Marine Mammal Science Australie, , National Marine Mammal Laboratory (USA,) et CNRS-Cetamada (France-Madagascar).
Dans le cadre du programme BaoBaB, même en déployant des balises Argos sur un très faible nombre de baleines à bosse, nous avons montré que 1) elles sont extrêmement mobiles, y compris pendant la période de reproduction et 2) elles se déplacent vers les côtes africaines, en passant par Mayotte et les Comores.
Ces traces Argos nous ont permis de décrire les préférences d’habitats, en fonction du sexe et du statut reproducteur. Ainsi, les traces Argos ont permis de montrer que les paires mère-baleineau évoluaient principalement plus proches des côtes que les males. Au cours du projet BaoBaB, nous avons installé la première station acoustique semi-permanente de l’Océan Indien dédiée à l’observation des baleines à bosse. Totalement passive, équipée de 9 hydrophones, cette station est permet d’écouter les chants des mâles pendant la période de reproduction. Ce matériel a été déployé en 2013 et 2014.
L’objectif était d’étudier les interactions entre les mères et les baleineaux nouveau-nés. La place du baleineau est fondamentale dans la structure sociale des baleines à bosse. Il s’agit de mieux la décrire pour mieux comprendre les rôles des mères et, lorsqu’il y a des escortes ou des groupes actifs, celui des males. Dans le cadre de ce projet, les données ont été faites à partir d’observations visuelles, que ce soit du bateau directement ou via l’utilisation de drones aériens, et aussi d’observations acoustiques, en recourant à des balises électroniques équipées d’un hydrophone et qui viennent se ventouser sur le dos de l’animal . Totalement non invasive et inoffensive pour les baleines, cette technologie est extrêmement utile pour étudier les émissions sonores d’un individu.